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Le Colisée

Carte blanche à Martial Andrieu
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Lorsqu’en 1912 l’architecte Florentin Belin dresse les plans du futur Grand Hôtel Terminus, la société Terminus-Cité souhaite que l’on inclue à l’intérieur de l’établissement, une salle des fêtes. Idéalement située au-dessus du garage de l’hôtel sur une longueur de 25 mètres, le public peut, depuis ses larges fenêtres, profiter du point de vue sur le boulevard Omer Sarraut. Pendant huit années, elle accueille les nombreuses manifestations culturelles de la ville, comme les fêtes carnavalesques, mais son usage ponctuel ne semble pas satisfaire la direction du Terminus. Aussi, lorsqu’après la guerre le banquier Auguste Beauquier (1884-1951), administrateur de la Société des Grandes Hôtelleries de France, se retrouve seul aux commandes de l’établissement, celui-ci décide de transformer la salle des fêtes en théâtre. 

C’est l’une des plus belles salles de cinéma d’Europe

Au mois de novembre 1921, il convoque la presse et expose les grandes lignes de son projet. M. Beauquier a confié à d’éminents architectes parisiens, MM. Uldry et Mazouillé, le soin d’édifier une nouvelle salle de spectacle avec tout le confort moderne. Il compte bien attirer le public qui, d’ordinaire, assiste aux représentations lyriques dans une salle municipale vétuste et bien mal chauffée. Le Théâtre des Nouveautés comprendra au parterre des fauteuils et trois baignoires de chaque côté, au premier étage des gradins afin de bien voir la scène et dans l’encorbellement 18 loges de quatre fauteuils. 

Pour les spectateurs, ont été prévus deux jolis promenoirs pourvus de trois bow-windows donnant sur l’extérieur. Une entrée sur le boulevard, trois sorties, dont une par le Café Terminus, où il sera permis de consommer, comme dans le bar contigu au théâtre. Les spectacles comporteront des opérettes, des revues, des pièces de théâtre, ainsi que la projection de films cinématographiques.
Deux mois de travaux suffiront à donner au nouveau théâtre, décoré dans le style Art-nouveau de l’hôtel, tout l’éclat de son luxe et de sa beauté. Il semble que les architectes et les décorateurs se soient fortement inspirés de la salle de l’opéra de Vichy, réalisée en 1903. L’inauguration a lieu le 1er avril 1922 avec l’opérette La fille de Madame Angot de Charles Lecocq, sous la direction du chef Bioulès. 
Bien que les bénéfices aillent à une œuvre caritative de la ville, la presse regrette que l’ouvrage n’ait pas attiré un public nombreux. Toutefois, « le gratin était là » note-t-elle. Le spectateur anonyme préfère applaudir le célèbre Félix Mayol le 23 avril 1922. La direction artistique du théâtre, confiée au compositeur Carcassonnais François Fargues, poursuit sa programmation avec succès jusqu’en août 1932. 
Cette année-là, le Théâtre des Nouveautés a vécu… Le cinéma Le Colisée, équipé en Idéal sonore, s’installe à sa place avec le fils Fargues comme successeur. 
Pendant la Seconde Guerre, la salle de cinéma sert de lieu de conférences pour les propagandistes nazis. 
En 1980, deux nouvelles salles sont créées puis cinq, formant un complexe. La salle de l’ancien Théâtre des nouveautés sera entièrement restaurée en 2001, mais fermée au public en 2012. 

Chiffres clefs

→ 1er avril 1922 : Inauguration du Théâtre des Nouveautés
→ 800 places : C’est le nombre de fauteuils à sa création
→ Août 1932 : Installation du cinéma Le Colisée, dirigé par Marcel Fargues.