Famille Chénier Personnages célèbres Zoom de l'image Ce jour-là, Pierre Chénier, récemment arrivé du diocèse de Poitiers, épousait Marie Ricardou, fille d'un marchand-fabricant, deux fois consul. Par ce mariage, il s'apparentait aux Raynaud, Castanier et Bourlat, notables de la draperie (les Chénier seront également proches des Cailhau et des Dolbeau, familles de sculpteurs et d'architectes). Fils de Pierre et de Marie, Guillaume Chénier (Carcassonne 19 novembre 1684 – 26 octobre 1747) est qualifié de marchand-drapier lors de son mariage en 1720 mais on le retrouve bientôt intendant de Guillaume IV Castanier à Montfort-sur-Boulzane. C'est là que naît son fils Louis qui va avoir une carrière exotique. A 2à ans, il se place à Constantinople dans une maison se livrant au commerce des draps de Languedoc. Il y rencontre et épouse Elisabeth Lhomaca, fille d'un joaillier grec, négociant en antiquités, bien accrédité auprès du sultan. Rentré en France en 1765, Louis Chénier repart, pour le Maroc cette fois, comme consul de France. Ses séjours en pays musulman lui ont inspiré deux ouvrages : Recherches historiques sur les Maures…et Révolutions de l'Empire Ottoman. Des huit enfants de Louis et d'Elisabeth, deux sont célèbres et ont leur notice ci-dessous :André et Marie-Joseph. Le fils aîné, Constantin, eut une carrière plus modeste d'agent consulaire au Maroc, à Alicante et en Prusse. Un autre frère, Louis-Sauveur officier, inquiété sous la Terreur, sauvé par le 9 Thermidor, servit ensuite jusqu'en 1817. André CHENIER (Constantinople 30 octobre 1762 - Paris 25 juillet 1794). Confié par ses parents à Mme Béraud, sa tante paternelle établie à Carcassonne, André Chénier y séjourna de 1765 à 1773 avant de rejoindre à Paris le collège de Navarre. Poussé vers la carrière militaire par son père, il ne reste que quelques mois dans son régiment de Strasbourg. Une vie oisive de semi-bohème littéraire l'attend à Paris de 1783 à 1787, interrompue par deux voyages en Suisse et en Italie en compagnie des Frères Trudaine. Attaché d'Ambassade à Londres en décembre 1787, il n'en séjournera pas moins dans un Paris révolutionnaire qui l'enthousiasme dans les premiers temps. Il fonde avec les Frères Trudaine, la " société des Amis de la Constitution ". Il ne tarde cependant pas à adopter une attitude sceptique et modérée, fustigeant les " extrémistes " à la tribune du Club des Feuillants. Inscrit sur la liste des suspects, il envoie des poèmes à ses amis depuis diverses retraites qui le mettent à l'abri des poursuites. Arrêté au cours d'une visite du marquis de Pastoret, il est emprisonné au Luxembourg et à Saint-Lazare. Le zèle que son père mit à la faire libérer n'empêcha pas, précipita peut-être, une condamnation et une exécution qui précéda de deux jours, seulement la chute de Robespierre. D'abord initiateur des Anciens, André Chénier a composé ensuite des " Elégies " aux accents romantiques. Ses " odes " et ses " Iambes " écrits dans sa prison mêlent la révolte au désespoir. Ils ne seront connus que bien après sa mort (lors d'une première publication en 1819) de la génération de poètes qu'ils inspirèrent. D.B - Les Audois (ISBN 2-906442-07-0)