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Carte blanche à Martine Boone Guide-conférencière

Le Théâtre de la Cité, le Théâtre Jean-Deschamps

Au XIXème siècle, la Cité de Carcassonne est restaurée sous la direction de Viollet-le-Duc (1814-1879) et de son successeur qui ont assuré la remise en état des murailles et différents travaux dans la basilique Saint-Nazaire et Saint- Celse, ancienne cathédrale de Carcassonne.

Au début du siècle suivant, la Cité devient un lieu de mémoire dont la valeur patrimoniale s’affirme avec le développement du tourisme. Cela nécessite de stimuler son attractivité par la construction d’infrastructures d’accueil et de culture.

Ces réalisations vont s’effectuer à partir des monuments présents à l'intérieur du site ; ainsi, en 1909 l’hôtel Cadenat, hôtel de luxe et de prestige s’installe dans les bâtiments reconstruits, de l’ancien palais épiscopal ; par la suite, il devient l’hôtel de la Cité.

Un an auparavant, les Autorités municipales s’interrogeaient sur l’avenir de l’ancien quartier Cathédrale situé au sud-ouest de la basilique Saint-Nazaire qu’elles voulaient valoriser. Ce quartier, rectangulaire d’après Viollet-le- Duc, correspondait au cloître et aux bâtiments conventuels détruits entre 1794 et 1804.

Le 3 juin 1908, le premier adjoint au maire, le docteur Jean Sempé, membre de la Société des Arts et des Sciences, propose de créer sur cet emplacement une salle de spectacle en plein air dans la Cité.

Tout va très vite alors ; le lieu ayant été abandonné aux jardins et aux vignes des citadins, on le débarrasse de ses ronces et des gravats, pour installer le théâtre dans un coin du cloître, dans l’angle de l’enceinte intérieure au-dessous de la tour Mipadre avec une scène très simple que l’on place à deux mètres au-dessus du sol. Dans le reste de l’espace, un parterre de chaises et de bancs peut accueillir un public de 5 à 6000 personnes. Cette simplicité dans l’organisation de l’espace rappelle la tradition du Moyen-Âge et des représentations des mystères sur le parvis des églises ; elle va faciliter la construction qui peut être rapide.

Le 26 juillet à 17 heures y est donnée une première représentation avec la tragédie d’Henri de Bornier, « La fille de Roland ».

Les débuts de la représentation furent houleux car les spectateurs avec d’autres habitudes eurent des difficultés à voir et entendre. Le désordre fut à son comble lorsque les spectateurs s’installèrent un peu partout, sur les escaliers, les chemins de ronde et même au-dessus de la scène.

Une fois installé à sa guise, le public se laissa emporter par les aventures tragiques de la fille de Roland.

Le Théâtre de la Cité venait de naître… mais nécessitait une autre organisation.

C’est à l’architecte du département Léon Vassas (1870- 1948) qu’échoit la responsabilité d’un nouveau projet, tandis qu’il est chargé aussi de l’agrandissement de l’hôtel Cadenat et de la réalisation des Bains-Douches dans la Bastide. Il utilise le même espace mais installe la scène au bas de la tour du Moulin, au milieu de la muraille qui joint la tour Mipadre et la tour Saint-Nazaire.

C’est un amphithéâtre en forme d’hémicycle avec des gradins superposés installés face à la scène, sur toute l’étendue du cloître.

Des modifications importantes sont apportées à la suite de destructions dues à la guerre et à la création du festival, en 1957, par Jean Deschamps, metteur en scène et membre de la Comédie française, qui le dirigea pendant 20 ans ; il élargit le répertoire théâtral à la musique et à l’opéra et dans les années 1970, le théâtre occupe une place centrale dans ce festival.

C’est en hommage à Jean Deschamps qu’il est décidé en 2006 de donner son nom à cet espace emblématique de Carcassonne et des aspirations du XXème siècle, siècle qui ambitionnait d’ouvrir l’Histoire et la Culture aux curieux

Martine BOONE

Guide-conférencière