Hôtel de Murat XVIIIe siècle - 3 boulevard Camille Pelletan Hôtels particuliers Zoom de l'image Le bel immeuble qui abrite aujourd'hui, la Chambre de Commerce et d'Industrie a connu des destinées différentes au cours de son histoire, puisqu'il fut successivement habité par la famille qui l'avait fait construire, puis par l'évêque et, enfin, par la chambre consulaire. Il tire son nom des Murat, qui apparut apparaissent à Carcassonne au début du XVIIe siècle. En 1690. Jean Murat devient président du Présidial, le principal tribunal local. En 1711, son fils Joseph-Vincent, qui lui a succédé, cumule cette charge déjà importante avec celle de juge-mage, achetée 25.000 livres. De ce fait, il exerce la réalité du pouvoir central au nom du roi et ce d'autant plus qu'il est subdélégué de l'intendant du Languedoc (fonction que l'on peut comparer aujourd'hui à celle de préfet), Le juge-mage surveille a répartition des impôts entre les contribuables, assiste aux délibérations du conseil de ville et prend rang, immédiatement après l'évêque dans toutes les cérémonies politiques. Le mariage d'un tel personnage ne passait pas inaperçu : le 14 mars 1740, lors des épousailles de jean II Murat, qui a pris la suite de son père, la municipalité décide de faire tirer le canon et de dépenser 150 livres en poudre, fusées, artifices, bougies et confitures. La façade donnant sur la cour la plus visible, ne constitue pas l'entrée principale de l'ensemble, qui se trouve rue Aimé-Ramond C'est de ce côté qu'il convient de situer la maison familiale des Murat, composée de deux corps de bâtiments le premier, sur la rue, avec sa grande porte cochère, comporte un étage " noble " aux hauts plafonds et aux grandes fenêtres destiné aux propriétaires tandis que le second devait être réservé aux services et aux locataires éventuels. En 1729 demeurait en direction de la rue Voltaire un vaste espace et de petites maisons. C'est là que fut élevé un corps de logis comprenant au premier étage " salon de compagnie " et " salon à manger " tandis que les appartements se situaient au second niveau qui possédait huit chambres. Cette partie présente de nombreuses similitudes avec l'hôtel " de Rolland ", ce qui semble le dater du milieu du XVIIIe siècle et permet de l'attribuer à Jean II Murat, anobli par, lettres patentes en 1781. La partie centrale du bâtiment donnant sur la cour forme un avant-corps avec deux baies tandis que de part et d'autre se trouvent deux séries d'ouvertures qui ont des dimensions plus réduites. Au premier étage, l'avant-corps possède un balcon soutenu par des consoles. On constate un évident souci d'équilibrer la façade par la hauteur des baies, qui sont identiques au rez-de-chaussée et au premier étage. Le deuxième niveau dispose de huit baies rectangulaires, différentes des autres. Enfin, l'avancée centrale est surmontée d'un fronton triangulaire. Le fronton, les balcons en fer forgé, les mascarons placés au-dessus des ouvertures, ainsi que l'escalier une partie du mobilier et les tapisseries d'Aubusson font revivre l'époque à laquelle cette partie a été construite. La bibliothèque de la famille confirme l'intérêt qu'elle portait aux arts et lettres. En effet, le fonds originel de la Bibliothèque municipale résulte des confiscations révolutionnaires. Or, sur les 13.206 volumes de son premier noyau, les ouvrages du fonds Murat entrent pour 2.024 unités, parmi lesquelles de précieux manuscrits tels que le roman "Flamenca" du XIVe siècle et la plupart des classiques grecs, latins et français. Les Murat, avec d'autres officiers de justice, les " gens de finance " et quelques marchands-fabricants du textile faisaient partie des " Carcassonnais éclairés ", cultivés et désireux d'embellir leur ville. Un conflit qui opposa ce groupe à la majorité des industriels et des marchands à propos de la construction des halles, montre que tous les riches habitants de la ville ne les suivaient pas sur ce terrain. Dans la mesure où ce fut l'intervention royale qui imposa la construction de la " place neuve ", on peut penser que le juge-mage de Murat eut son rôle dans ce choix. L'anoblissement dont a bénéficié son père permet à Paul de Murat d'épouser, en 1788, Françoise Pinel, petite-fille du plus important marchand-fabricant, qui lui apporte 200.000 livres de dot, somme énorme (10 millions de nos francs actuels environ). Le contrat de mariage est signé par les plus grands noms de la noblesse traditionnelle, preuve de l'intégration des Murat à l'ancienne aristocratie locale. Mais la Révolution provoque en 1792 leur émigration et leurs biens sont confisqués. En 1806, un décret de Napoléon autorise l'achat par l'Etat de l'hôtel. qui est affecté au logement de l'évêque. Telle sera sa fonction jusqu'en 1906, ce qui explique la guérite située rue A. Ramond, à côté de la porte cochère : depuis le Concordat signé par Bonaparte en effet l'évêque avait droit. comme le préfet, à un factionnaire. La séparation des églises et de l'Etat entraîne le départ de l'évêque et la Chambre de Commerce établit son siège dans le bâtiment, en 1911. Claude Marquié – Carcassonne – Hôtels et maisons du Moyen Age à la révolution - Amicale laïque de Carcassonne – 1998