Dans la liturgie chrétienne, les complies (du latin completorium, « achevé », « terminé ») sont la dernière prière de la journée, celle du crépuscule. Les textes liturgiques de ces heures ont été mis en musique à maintes reprises, notamment à la Renaissance, fournissant à des compositeurs tels que Thomas Tallis, Alonso Lobo ou Carlo Gesualdo la matière de pièces polyphoniques puissamment atmosphériques, dont le raffinement des textures n’a d’égal que celui de l’harmonie.

Leurs œuvres, mais aussi celles de Hildegard von Bingen ou Josquin des Prés, mises en regard de celles de compositeurs contemporains comme l’Estonien Veljo Tormis – qui n’ont rien à envier à celles de son compatriote et contemporain Arvo Pärt – ou la Britannique Joanna Marsh, constituent le cœur du programme des Gesualdo Six.

Unanimement célébrés comme l’une des formations vocales majeures à avoir vu le jour ces dernières années outre-Manche, formés de quelques-uns des meilleurs chanteurs de consort du Royaume-Uni, les Gesualdo Six font merveille dans cette musique du clair-obscur : admirablement composé, ce programme nous entraîne dans une plongée méditative et palpitante à travers neuf siècles de musique chorale a cappella.